Sur le front du Covid-19, les mauvaises nouvelles succèdent aux bonnes

Le dé-confinement, dont le début devra être annoncé officiellement aujourd’hui, mercredi 29 avril 2020, lors d’une conférence de presse à la présidence du gouvernement, a déjà commencé chez nous, et de manière spontanée. La prédiction de certains experts mondiaux sur la fin de l’épidémie vers le 5 juin prochain, n’a peut-être pas tenu compte des débordements caractéristiques du mois de ramadan chez beaucoup de nos concitoyens durant ce mois du jeûne.

Par Pr Faouzi Addad *

Deux bonnes nouvelles pour ce matin. La première, il n’existe plus aucun patient Covid-19 dans les hôpitaux de Wuhan. Cette ville, où cette maladie a été officiellement déclarée le 31 décembre 2019, représente à elle seule 56% de l’ensemble des contaminés en Chine et 84% des décès. Elle a donc payé le prix fort d’avoir été, dès le début, l’épicentre de cette pandémie.

L’Hydroxychloroquine fait pschitt, le Tocilizumab promet

La deuxième bonne nouvelle est qu’une étude vient de montrer qu’un traitement dans un essai clinique randomisée dans 13 hôpitaux parisiens, le Tocilizumab injectable, permettait chez des patients admis en réanimation pour une pneumonie modérée à sévère de réduire le recours à la ventilation mécanique ou le décès.

Il s’agit d’un médicament utilisé dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde, qui agit en bloquant le récepteur d’une protéine du système immunitaire (interleukine 6) jouant un rôle important dans la tempête cytokinique.

Les résultats définitifs pour juger du bénéfice réel ne seront connus qu’après la publication des résultats. Des effets indésirables hépatiques et une augmentation du risque d’infection bactérienne ont été notés. Ce sera vraisemblablement le traitement de référence en réanimation pour l’instant.

Quant au coût de ce traitement, il est, aujourd’hui, de 1500 euros par patient pour deux perfusions. Mais il permet d’éviter les frais, beaucoup plus élevés, d’une prise en charge en réanimation.

Covid-19 et les débordements du mois de ramadan

Une autre question se pose: pourrait-il être utile à des patients peu symptomatiques et moins graves ? Ce sera le sujet d’autres études.
Ce médicament est disponible en Tunisie. Nos réanimateurs devraient s’adapter très rapidement à cette avancée thérapeutique.

En attendant, sur le terrain, le dé-confinement a déjà commencé en Tunisie de manière spontanée: il suffit de voir les rassemblements dans les souks partout dans le pays pour nourrir quelques légitimes inquiétudes.

La prédiction de certains experts mondiaux sur la fin de l’épidémie vers le 5 juin prochain n’a peut-être pas tenu compte des débordements caractéristiques du mois de ramadan chez les musulmans en général et, en particulier, chez beaucoup de nos concitoyens, qui ont tendance à se lâcher durant ce mois du jeûne.

Les prochains jours seront riches en enseignements.

* Professeur en cardiologie.

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