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Tunisie : comment relancer une machine économique essoufflée ?

Dans un premier scénario optimiste, le taux de croissance de l’économie tunisienne en 2020 devrait se situer à -9,6%, avec un déficit budgétaire maintenu au dessous de 7%. Dans un second scénario moins optimiste, la croissance se creuserait pour se situer à -12,36%, le déficit budgétaire s’aggraverait pour atteindre 8%. C’est ce qui ressort d’une étude de PBR Rating.

Dans le cadre de ses travaux d’études et d’analyse des données macroéconomiques et des performances sectorielles de l’économie tunisienne, l’agence de notation nationale PBR Rating a établi ses prévisions pour un ensemble de marqueurs économiques, notamment la croissance, le déficit budgétaire et l’endettement de l’Etat au titre de l’année 2020 pour conclure à une série de réformes structurelles qui devraient soutenir un nouveau cycle de relance économique.

La présentation officielle de ces travaux a eu lieu le mardi 29 septembre 2020, au siège de l’Association tunisienne des banques et des établissements financiers (APTBEF), devant un parterre de financiers et d’économistes de premier rang, issus des institutions bancaires et financières de la place.

Des difficultés macroéconomiques structurelles

Il ressort des conclusions du rapport que l’économie tunisienne souffre de difficultés macroéconomiques structurelles, aggravées par l’impact de la crise sanitaire. Le rythme de croissance sur la décennie 2011-2020 n’a pas permis au pays de résoudre ses problèmes économiques et sociaux qui risquent de fragiliser sa stabilité.

Le rapport a mis également en exergue pour l’exercice 2020 deux scénarios de croissance sur la base d’un ensemble de paramètres incluant notamment les efforts de relance de l’Etat, la résilience des acteurs locaux, les hypothèses de variation des prix des matières premières et l’évolution de la demande externe.

Dans un premier scénario optimiste, le taux de croissance de l’économie tunisienne devrait se situer à -9,6%, les besoins de financement de l’Etat s’élèveraient à 12.082 millions de dinars pour engendrer un déficit budgétaire de 7% avec un taux d’endettement de 85,4% du PIB, alors que le taux de chômage s’élèverait à 17,1%.

Dans un second scénario moins optimiste, la croissance se creuserait pour se situer à -12,36%, le déficit budgétaire s’aggraverait pour atteindre 8%, avec un taux d’endettement de 88,4% du PIB et enfin un taux de chômage de 19,9%.

La hausse des salaires met le budget de l’Etat sous pression

Depuis 2010, le mode de production s’oriente progressivement vers les services non marchands, accompagné d’une revalorisation inédite des salaires de la fonction publique, lesquels ont totalisé 107 milliards de dinars sur la période 2011-2019. Cette tendance a mis le budget de l’Etat sous pression et la marge de manœuvre des autorités s’est affaiblie en raison de la crise économique et sociale, aggravée par la pandémie.

Pour faire face à l’augmentation de ses dépenses, l’Etat a été amené à accroître les recettes fiscales, qui ont progressé dans une moyenne d’environ 10% sur la période 2011-2019. Cela s’est effectué par une pression fiscale grandissante sur les acteurs du secteur formel. Toutefois, ces ressources n’ont pas bénéficié de manière proportionnelle aux dépenses inscrites dans le Titre II du budget.

Pour combler son déficit, l’Etat a fait un appel excessif à l’endettement, notamment extérieur. La hausse du déficit courant, conjuguée à la baisse du dinar, a accentué ces recours. Le marché interne de la dette a été également sollicité, réduisant les possibilités de financement pour le secteur privé.

Résilience de l’agriculture, essoufflement de l’industrie et des services

Sur le plan sectoriel, la seule branche économique qui présente aujourd’hui quelques signes de résilience est l’agriculture et la pêche (avec une croissance annuelle moyenne de 10,9% sur la période 2011-2019), grâce notamment aux performances notables de l’huile d’olive et des dattes. Durant le confinement général, le secteur a fait preuve d’une certaine maîtrise, avec des chaînes de valeurs largement opérationnelles. Il demeure le seul secteur à afficher une croissance positive durant les deux premiers trimestres 2020, respectivement de 7,1% et 3,6%.

Cette résilience a manqué aux industries manufacturières (-27% au deuxième trimestre 2020), où des branches comme le textile, habillement et cuirs (-42% au deuxième trimestre) et les matériaux de construction, céramique et verre (-38,4% au deuxième trimestre) ont payé le prix de leur forte exposition à la demande des marchés extérieurs et à leur faible valeur ajoutée sur la chaine mondiale. Il en est de même pour les industries non manufacturières (-20,8% au deuxième trimestre) en raison de la baisse conséquente des activités extractives, sous le poids des contestations sociales continues dans les zones de production.

Les services marchands traversent également une période difficile, notamment le tourisme (-77,5% au deuxième trimestre) et le transport (-51,4% au deuxième trimestre). Ce dernier, assuré essentiellement par des entreprises publiques en difficulté, coûte au pays des points précieux de croissance à travers notamment des performances logistiques quasi rédhibitoires pour le développement du commerce extérieur et des IDE.

Comment relancer la machine essoufflée ?

Le pays a besoin de réformes structurelles urgentes, à commencer en particulier par la restructuration et l’assainissement des entreprises publiques et la modernisation de l’administration.

L’intégration de l’économie informelle et la mise à niveau du système fiscal sont également des urgences pour améliorer la situation des finances publiques et réduire la pression fiscale sur les agents économiques.

L’Etat tunisien doit veiller à ce que la production pétrolière et minière reprenne et investir dans les énergies renouvelables pour alléger le déficit commercial.

Des incitations devraient être consacrées pour améliorer davantage la contribution du secteur agricole à la croissance de l’économie.

Des investissements massifs en technologies s’imposent pour remédier à la baisse de performance à l’export des industries manufacturières à faible valeur ajoutée. Pour ce faire, il convient de réduire l’effet d’exclusion du financement du secteur privé auprès des banques, dont les liquidités sont absorbées par les besoins de financement de l’Etat.

Quant à l’inflation, son origine n’est pas uniquement monétaire pour induire à un durcissement des taux d’intérêt du marché, mais sa maîtrise doit passer également par un contrôle étroit des circuits de distribution.

Il demeure entendu que la mise en place de ces réformes réclame un climat politique et social stable et serein.

Source : communiqué

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