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La justice tunisienne démystifiée par l’affaire Belhassen Trabelsi

Dans l’affaire Belhassen Trabelsi, le beau-frère de l’ancien président Zine El-Abidine Ben Ali, la justice tunisienne a essuyé un véritable camouflet de la part de son homologue française. Un camouflet qui renvoie cette institution à ses carences et à ses turpitudes, et la montre sous son vrai visage.

Par Imed Bahri

Le verdict rendu mercredi 27 janvier 2021, par la cour d’appel d’Aix-en-Provence (France), et opposant un avis défavorable à la demande d’extradition de Belhassen Trabelsi, présentée par la justice tunisienne, était pour le moins prévisible et attendue, eu égard l’incompétence montrée jusque-là par les magistrats tunisiens en charge des dossiers de restitution des biens et avoirs gelés par les proches de l’ancien président.

Une justice pas au-dessus de tout soupçon

Selon la justice française, s’il était extradé vers la Tunisie, Belhassen Trabelsi ferait face à «un risque réel de traitement inhumain et dégradant et de carences des contrôles en cas de mauvais traitement en détention» en Tunisie, au vu, notamment, des décès suspects de ses trois frères entre 2011 et 2020, alors qu’ils étaient en détention. Les réponses des autorités tunisiennes concernant les circonstances de ces décès ayant été jugées «insuffisantes» par la justice française, car émanant des services carcéraux, lesquels viennent d’être accusée récemment d’avoir torturé un magistrat, Mekki Ben Ammar, incarcéré et poursuivi par ses propres collègues pour avoir osé dénoncer… leurs faits de corruption.

A son manque d’indépendance, dont témoigne ses verdicts souvent fort discutables, et son manque d’engagement dans l’instruction de certains procès impliquant des partis politiques influents, notamment Ennahdha, la justice tunisienne est souvent accusée de corruption, en Tunisie même, par des avocats, des hommes politiques et des acteurs de la société civile.

Des requêtes mal ficelées et bâclées

Comment s’étonner dès lors que la justice française ne donne pas suite à ses requêtes, d’autant que celles-ci sont mal ficelées, bâclées et laissant transparaître de graves carences procédurales traduisant au mieux un manque de professionnalisme et au pire une volonté de ne pas faire aboutir ses procédures.

La Tunisie peut toujours réclamer M. Trabelsi pour cinq autres affaires jugées ou en cours à propos desquelles il a déjà été condamné par contumace à plus de 33 ans de prison pour des infractions économiques et financières. Et demander de nouveau son extradition vers la Tunisie, mais ce sera encore une perte de temps, d’énergie et d’argent, car on est presque sûr que les prochaines requêtes auprès de la justice française seront tout aussi mal ficelées, bâclées et laissant transparaître de nombreuses failles que les précédentes.

Quant aux biens et avoirs gelés à l’étranger des membres du clan Ben Ali et dont on espère la restitution depuis… 2011, il va falloir peut-être y mettre un trait définitivement. Car on a désormais la preuve que nos magistrats, si prompts à faire grève pour exiger des augmentations salariales, sont dans l’incapacité professionnelle d’instruire des dossiers selon les normes internationales qui soient un tant soit peu recevables par leurs collègues étrangers.

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