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Tunisie : silence, on dépense à tour de bras !

Les membres du gouvernement Bouden, dont le bilan est on ne peut plus maigre, sont tellement tétanisés par la peur des humeurs changeantes de l’opinion publique, qu’il ne se passe pas une journée sans que l’un d’entre eux démente une information ou relativise la portée d’une autre.

Par Imed Bahri

C’est devenu chez eux une seconde nature : ils n’y peuvent rien, les pauvres chéris, car ils ont peur de tout, et d’abord de l’impact de leurs propres décisions, qu’ils font fuiter via les médias ou les réseaux sociaux, pour jauger de la réaction du public et prendre le pouls de l’opinion, avant de se raviser, de faire marche-arrière et se fendre de démentis publics.

Et comme cette gymnastique est devenue, chez eux, un réflexe d’auto-défense, même les bonnes décisions que l’on espère les voir annoncer et surtout tenir contre vents et marées, ils s’empressent de les démentir, craignant de les voir rejetées par une opinion publique devenue tout aussi frileuse et rejetant tout ce qui ne s’apparente pas à des générosités financières de l’Etat. Un Etat qui, soit dit en passant, est en quasi-faillite et qui frappe aux portes des bailleurs de fonds internationaux pour garantir la survie de sa population.

Ce n’est pas l’argent qui manque

C’est le cas, par exemple, du ministère des Finances, dont un «responsable des services techniques» a démenti dimanche à l’agence Tap la nouvelle d’une réduction des dépenses de l’Etat – comme si c’était une aberration en soi – de 6.000 millions de dinars (MD), dans le cadre de la loi de finances rectificative pour 2022, précisant que les dépenses globales pour 2022 sont estimées à 50.914 MD contre 47.166 MD dans la loi de finances initiale, soit une hausse 3 748 MD. 

Les hypothèses retenues dans le cadre de la loi de finances 2022 ont été revues à la lumière de la situation économique mondiale, notamment la guerre entre la Russie et l’Ukraine, a encore indiqué le «responsable des services techniques», sous le couvert de l’anonymat, en ajoutant, comme si cela devait calmer la grogne des citoyens, que la loi de finances rectificative pour 2022 prévoit une augmentation du budget de l’Etat de 6,20%, au vu d’une revue du volume des dépenses ainsi que du principal de la dette et des crédits trésorerie à 9.906 MD contre 10.125 MD estimés dans le cadre de la première loi de finances pour 2022. Une manière de dire que tant que les dépenses augmentent, tout le monde y aura sa part !

S’agissant des ressources propres de l’Etat, ils s’élèvent à 41.130 MD contre 38.618 MD estimés dans la loi de finances initiale. Ces ressources proviennent des recettes fiscales dont la valeur est estimée à 36.040 MD contre 35.091 MD précédemment estimés, soit une augmentation de 949 MD, ainsi que des recettes non fiscales actualisées pour 2022, à 3.975 MD contre 3.067 MD ​​prévus au départ de loi de finances, soit une augmentation sensible de 908 MD.

Une administration qui poireaute

En rappelant ces chiffres, où tout est en hausse, le responsable du ministère des Finances a-t-il cru ainsi nous rassurer ? Et, d’ailleurs, le sommes-nous vraiment ? Non, bien sûr, car tous les experts savent que tant que le gouvernement n’a pas réussi à réduire ses dépenses, souvent faramineuses et inefficaces, puisque la croissance économique tarde à reprendre et le pays continue de s’endetter au-delà de toute raison, il n’y aura pas de sortie de crise.

«Rassurez-vous, ce n’est pas l’argent qui manque dans les caisses de l’Etat», semble vouloir dire ledit «responsable des services techniques» du ministère des Finances. Mais ces «assurances», qui ne rassurent que ceux qui y croient, suggèrent une question : où ira tout cet argent, dont l’essentiel viendra des contribuables, en attendant que les bailleurs de fonds daignent enfin délier les cordons de leurs bourses ? Ce ne sera sans doute pas pour financer l’investissement, l’infrastructure et la création de richesses et d’emplois. Ce sera, parions-le, en grande partie, pour financer les salaires d’une administration publique qui poireaute, fait du surplace et nous enfonce davantage dans la crise.

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